![Certaines n'avaient jamais vu la mer [Lecture scolaire]](https://i.skyrock.net/9841/84349841/pics/3270657450_1_2_FPYC6Tv4.jpg)
Titre : Certaines n'avaient jamais vu la mer
Auteur : Julie Otsuka
Editions : Phébus
Nombre de pages : 139 pages
Note : 7.5/10
L'écriture de Julie Otsuka est puissante, poétique, incantatoire. Les voix sont nombreuses et passionnées. La musique sublime, entêtante et douloureuse. Les visages, les voix, les images, les vies que l'auteur décrit sont ceux de ces Japonaises qui ont quitté leur pays au début du XXe siècle pour épouser aux Etats-Unis un homme qu'elles n'ont pas choisi.
C'est après une éprouvante traversée de l'océan Pacifique qu'elles recontrent pour la première fois à San Francisco leur futur mari. Celui pour lequel elles ont tout abandonné. Celui dont elles ont tant rêvé. Celui qui va tant les décevoir.
A la façon d'un choeur antique, leurs voix s'élèvent et racontent leurs misérables vies d'exilées ... leur nuit de noces, souvent brutale, leurs rudes journées de travail dans les champs, leurs combats pour apprivoiser une langue inconnue, la naissance de leurs enfants, l'humiliation des Blancs, le rejet par leur progéniture de leur patrimoine et de leur histoire ... Une véritable clameur jusqu'au silence de la guerre. Et l'oubli
Certaines n'avaient jamais vu la mer est un livre présent dans ma liste de lectures scolaires à faire cette année. Quand mon professeur l'a présenté en classe, et quand j'en ai lu le résumé, il m'a fortement intrigué et c'est par curiosité que je l'ai finalement choisi. Très court, j'ai quand même mis un petit temps à le lire et si je l'ai aimé par certains aspects, d'autres m'ont plutôt dérangée...
Dès le début, je me suis retrouvée face à l'originalité de cet ouvrage. En effet, depuis que je suis lectrice, j'ai été confrontée à différentes narrations, certaines plus étranges que d'autres. Seulement, je n'avais jamais lu un livre écrit à la première personne du pluriel. Un livre où le narrateur était un nous, qui englobait toutes les femmes japonaises ayant quitté leur pays pour poursuivre leurs rêves. L'auteur écrit « Nous avons quitté notre pays », « Nous nous sommes mariées », « Nous avons eu des enfants » et cette narration novatrice était une très bonne idée car c'était original, et ça permettait de ne pas se fixer sur une seule histoire, sur une seule femme mais sur toutes. Cependant, comme justement on englobe toutes les femmes, il est impossible de s'attacher à l'une d'entre elles : elles ne sont pas dissociables. La possibilité de créer un lien avec les personnages était absente et m'a manquée.
Néanmoins, malgré le fait que je n'ai pas pu m'attacher aux personnages, j'ai été extrêmement touchée par cette histoire. C'est le récit d'une dizaine de femmes qui quittent leur pays natal avec des rêves et des espoirs plein la tête, qui croient que leur vie va être littéralement différente quand elles arriveront en Amérique, qu'elles seront heureuses, riches, respectées, ...Mais elles arrivent et elles déchantent car rien n'est comme elles se l'étaient imaginées. J'ai eu pitié pour ces femmes, j'ai eu mal pour elles, j'ai eu envie de crier ma frustration avec elles, ma tristesse, ma déception. Et à côté de ça, je les admirais de garder la tête haute, de continuer à vivre chaque jour. Je les ai trouvées belles, intéressantes et méritant cent mieux que ce qu'elles avaient. J'aurais voulu rentrer dans le livre et m'insurger face à cette société qui en faisait des esclaves.
Ce récit est dur non seulement pour son histoire mais surtout parce que l'auteur va droit au but : elle ne cherche pas à enrubanner la vérité, à la rendre plus belle. Elle la livre dans des phrases souvent courtes, percutantes, qui vous atteignent directement au c½ur. Pour un problème, pour une thématique telle que la nuit de noce, le travail, les enfants, elle livrait une succession de phrases pour décrire l'état de ces femmes. Il n'y avait pas de réelles descriptions mais juste ces phrases l'une à la suite de l'autre et c'était suffisant, c'était bien pensé : elles se suivaient, rendant le message plus fort de phrase en phrase, l'accentuant. J'ai vraiment apprécié la façon dont c'était écrit et agencé.
Par contre, la fin m'a quelque peu contrariée parce que je ne l'ai pas tout à fait comprise. Je sais que durant la guerre, le Japon a joué un rôle, allié avec l'Allemagne, et que c'est ce sujet que les derniers chapitres abordent. Mais comme je ne m'y connais pas plus que ça, je n'ai pas tout saisi, et j'ai été parfois un peu perdue. De plus, je crois qu'au fond de moi, j'avais espéré que la fin soit plus heureuse et plus optimiste que tout le reste, qu'elle soit moins sombre et porteuse d'espoir...
En conclusion, bien que tout ne m'ait pas plu, je ne regrette pas d'avoir lu ce livre : je l'ai trouvé fort, dur et percutant, décrivant un sujet que je ne connaissais pas bien et que j'ai été ravie de découvrir. J'ai été profondément touchée par l'histoire de ces Japonaises, par leurs malheurs et leurs espoirs déchus. De plus, j'ai trouvé qu'il y avait une certaine qualité dans la plume de l'auteur, son style était parfait pour l'histoire, très bien maîtrisé et apportait un quelque chose en plus. C'est donc une bonne lecture au final, bien qu'elle soit très sombre.
x-la-patineuse-x, Posté le jeudi 21 juillet 2016 10:22
Je pense effectivement que ça doit être un très beau roman ! Il m'intrigue depuis sa sortie... Je me pencherai peut-être plus tard dessus. ;)