
Titre : Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre
Auteur : Ruta Sepetys
Editions : Gallimard Collection Scripto
Nombre de pages : 416 pages
Note : 9.5/10
Lina est une jeune Lituanienne comme tant d'autres. Très douée pour le dessin, elle va intégrer une école d'art. Mais un nuit de juin 1941, des gardes soviétiques l'arrachent à son foyer. Elle est déportée en Sibérie avec sa mère et son petit frère, Jonas, au terme d'un terrible voyage. Dans ce désert gelé, il faut lutter pour survivre dans les conditions les plus cruelles qui soient.
Mais Lina tient bon, portée par l'amour des siens et son audace d'adolescente. Dans le camp, Andrius, 17 ans, affiche la même combativité qu'elle...
Depuis que je suis partenaire avec Gallimard, j'ai pu lire des romans sur lesquels je ne me serais jamais arrêtée en temps normal. J'ai pu sortir de ma zone de confort et adoré des livres que j'aurais cru ne pas pouvoir aimer. Ce fut le cas pour Big Easy, le second roman de Ruta Sepetys : quand je l'avais reçu, j'étais très sceptique et pourtant, ce fut un très beau coup de c½ur ! De ce fait, quand j'ai eu le plaisir de rencontrer l'auteur l'an dernier à l'occasion de la Foire du livre de Bruxelles, je n'ai pas hésité à acheter son premier roman, celui dont je vais vous parler aujourd'hui. Et tant pis si cela parlait de guerre, un sujet que je fuis d'habitude : j'étais certaine qu'avec son talent, elle saurait me le faire aimer. Et ça n'a pas loupé ! Je ressors de cette lecture conquise et extrêmement touchée : ce n'est peut-être pas un coup de c½ur mais ça l'a frôlé de près !
Ce que je trouve vraiment intéressant dans ce roman, c'est d'avoir choisi un point de vue différent pour parler des atrocités de la guerre. Dans les rares romans que j'ai lus à ce sujet, j'ai toujours été face à une intrigue se passant dans les pays les plus impliqués de ce second conflit mondial. Alors qu'ici, l'histoire va parler d'une jeune Lituanienne et encore mieux, d'un pays qui n'était pas allié avec la France ou la Belgique. Disons que pour faire simple, la Lituanie agissait un peu comme la célèbre phrase « les ennemis de mes ennemis sont mes amis » et comme son ennemi majeur était la Russie, ils étaient plus du côté de l'Allemagne...Enfin, si j'ai bien compris, le pays n'avait pas de réelle position, mais au cours du roman, il est arrivé que certains personnages soient heureux de l'avancement de l'Allemagne, tout simplement car ils espéraient que ça les sauverait de l'Union Soviétique ! Enfin bref, assez d'Histoire ! Tout ça pour dire que j'ai adoré cette idée d'être dans une situation tout à fait différente, avec une pays dont je ne connaissais pas l'histoire et de voir que malgré qu'elle soit notre alliée, l'Union Soviétique était aussi horrible que l'Allemagne !
Pour nous narrer l'histoire terrible de la Lituanie en 1941, c'est Lina qui va prendre la parole, une jeune fille semblable à tant d'autres, avec des parents aimants, un petit frère adorable et des rêves plein la tête. Le contexte fait que son personnage est attachant dès la première page, alors même que la milice entre chez elle pour bousculer tout son univers. J'ai aimé cette héroïne qui est à la fois forte et fragile, qui fait tout pour garder la tête haute et faire face malgré les doutes, la peur et la douleur. Sa passion pour le dessin, qui occupe une place importante dans l'histoire, m'a captivée, je m'imaginais ses dessins dans ma tête et même sans les voir, je la trouvais très talentueuse. Lina est un personnage émouvant, plein d'espoir et de force, qui ne peut pas laisser de marbre. Une jeune fille qui donne envie de se précipiter dans ce roman, malgré les horreurs narrées, juste pour l'aider, la consoler.
Autour d'elle évoluent beaucoup de personnages, certains aussi attachants qu'elle, d'autres horribles et puis, quelques-uns qu'on ne peut pas si facilement classer. J'ai adoré sa mère, une femme forte et cultivée, qui tenait le coup et faisait semblant juste pour rassurer ses enfants. J'ai aimé Andrius parce qu'il m'apportait le sourire alors que tout dans l'histoire était sombre, parce qu'il était à lui seul la lueur d'espoir. J'ai aimé Jonas, pour sa candeur et sa naïveté d'enfant, puis pour sa force et son courage alors qu'il grandissait trop vite. Puis, il y a tous ceux qui les accompagnent, avec lesquels ils vont vivre les pires choses en se serrant les coudes, des personnages attachants et émouvants, avec chacun leur histoire. Quant aux personnages horribles, ils se résument à la milice, toujours plus cruelle, plus inhumaine. Elle me donnait envie d'hurler, de pleurer, de rentrer dans le roman juste pour la tuer.
Ce livre est magnifique parce qu'il parle d'événements sombres de l'Histoire, il parle d'une période atroce pour le peuple lituanien. Certains passages sont durs et donnent les larmes aux yeux. Certains sont même inimaginables, tant ça paraît surréaliste qu'une telle cruauté soit possible. Pourtant, malgré ça, il y a toujours une petite lueur entre les pages, parfois plus faible parfois plus forte. Créée par les rares moments de bonheurs, par ceux d'espoirs, par les dessins de Lina, par les moments partagés ensemble, par les nouvelles connaissances. Par toutes ces choses que les ennemis n'ont pas pu leur prendre. Leur amour, leur force, leur persévérance. Ce n'est pas juste un livre sombre qui parle des horreurs de la guerre, c'est plus que ça, c'est comment la lumière perdure dans l'obscurité totale.
Alors, un conseil, lisez-le. Même si, comme moi, les récits sur la Guerre ne vous plaisent pas. Même si vous pensez qu'il vous déplaira. Parce qu'il est plus que ça : c'est un roman gorgé d'espoir, gorgé de vie malgré la mort, gorgé de cette humanité forte et déterminée à survivre. La plume poétique de l'auteur portait autant les messages négatifs comme la dictature de l'époque, l'horreur, la famine, la douleur, la mort, ...que les messages positifs, comme l'espoir, le premier amour, la vie. C'est percutant, bouleversant, émouvant, ça ne laisse pas insensible et pourtant, ça apporte autant les larmes que les sourires. Une magnifique lecture, criante de vérité, à laquelle je suis ravie d'avoir laissée sa chance : elle le méritait.
Mille-et-deux-livres, Posté le samedi 11 juin 2016 14:21
x-la-patineuse-x a écrit : " "
J'espère aussi, il est génial ! :)