
Titre : Entre chiens et loups, tome 1
Auteur : Malorie Blackman
Editions : Milan Macadam
Nombre de pages : 529 pages (lu chez France Loisirs)
Note : 8.5/10
Suite : Entre chiens et loups, tome 2 : La couleur de la haine
Imaginez un monde. Un monde où tout est noir ou blanc. Où ce qui est noir est riche, puissant et dominant. Où ce qui est blanc est pauvre, opprimé et méprisé. Un monde où les communautés s'affrontent à coups de lois racistes et de bombes. C'est un monde où Callum et Sephy n'ont pas le droit de s'aimer. Car elle est noire et fille de ministre. Et lui blanc et fils d'un rebelle clandestin.
Et s'ils changeaient ce monde ?
Qu'est-ce que j'en ai entendu parler de ce livre : autant sur les pages facebook que sur les blogs, il a toujours eu énormément de succès ! Du coup, le jour où je suis tombée dessus en bouquinerie, je n'ai pas hésité trois secondes, je l'ai embarqué. Surtout que j'avais adoré Boys don't cry, un autre roman de l'auteur et que j'avais bien envie de remettre ça ! Pourtant, depuis le début de l'année 2016, il y a certains genres avec lesquels ça ne fonctionne plus, et la dystopie en fait partie. Je n'avais donc aucune envie de le lire mais comme il était sur ma liste du challenge Lectures au fil des saisons, je me suis un peu forcée à le sortir. Et finalement, je l'ai adoré ! Je remercie ma copinette de me l'avoir choisi parce que sinon, j'aurais laissé cette petite perle croupir dans ma pile à lire encore quelques temps !
Parfois, on commence une lecture comme ça et finalement, elle correspond très bien à notre humeur ou aux événements du moment. J'ai commencé ce livre le 22 mars 2016, le jour où mon pays subissait à son tour les ravages des attentats. Ce matin-là, quand je l'ai embarqué dans le train, je ne savais pas. Je pense que l'ambiance dans laquelle j'étais a beaucoup joué dans le fait que j'ai tant aimé ce livre. Les mots sont comme sortis du papier, la fiction a quitté les pages pour ne faire plus qu'un avec la réalité et ça, ça a rendu ma lecture encore plus forte et plus marquante qu'elle ne l'était déjà.
L'histoire est celle d'un monde où les « rôles » seraient inversés : ce sont les Noirs qui sont riches et qui occupent les postes importants dans la société. Les blancs, eux, sont victimes de racisme et de ségrégation, ils sont pauvres et presque réduits à l'esclavage. Personnellement, j'ai adoré cette idée d'inverser les rôles parce que je trouve que trop de gens, ceux qui jugent et font de la discrimination, ne se mettent jamais à la place de leurs victimes. Ils ne s'imaginent pas que, dans une autre réalité, ça aurait pu être eux qui auraient été mis en marge de la société. Ce livre apporte une réelle réflexion sur ça et j'ai beaucoup aimé : tout le roman m'a fait réfléchir, m'a fait me poser les bonnes questions. Surtout que malgré que je sois moi-même métisse, j'ai eu du mal à intégrer cette inversion parfois, tant le monde qui m'entoure est encré dans mon esprit et qu'il est difficile pour moi de voir différemment : parfois, j'oubliais que tel ou tel personnage était noir et vice versa.
Dans ce monde opposé au notre, deux jeunes gens vont vivre une sorte de remake de Roméo et Juliette : elle est noire et fille du Premier ministre, lui est blanc, fils et frère de deux hommes obsédés par le besoin de rétablir la liberté des blancs. Pourtant, Sephy et Callum sont amis depuis toujours, ils ne peuvent vivre l'un sans l'autre et malgré leurs différences, ils s'aiment infiniment. J'ai adoré ces personnages, malgré leurs défauts respectifs. Sephy était peut-être un peu snob parfois et peu consciente au début du vrai monde qui l'entourait mais à côté de ça, j'ai aimé sa force, son courage et sa détermination. Callum ne prend pas toujours les bonnes décisions, il prend même parfois les pires, et peut-être que ses réactions ne sont pas toujours les meilleures mais à côté de ça, c'est un jeune homme intelligent, attachant. Le lien qui les unit était aussi beau que fragile, parfois prêt à se briser face aux événements et aux différences qu'ils devaient affronter. J'ai aimé leur profonde amitié qui se dirige doucement vers de l'amour, leurs promesses échangées, le pardon qu'ils savent s'offrir l'un à l'autre tout au long du roman. Séparés, je les ai trouvés imparfaits et pas toujours justes mais ensemble, ils étaient forts et magnifiques.
Comme dit plus haut, le roman fait beaucoup réfléchir et tout au long de l'histoire, il se passe énormément de choses. Comme on alterne les points de vue de Callum et Sephy, on est plongés dans les deux réalités, on en voit les bons comme les mauvais côtés. J'ai été parfois très surprise par la tournure que prenait les événements, très émue par certains passages et parfois éc½urée par des scènes qui ont eu une résonnance particulière, suite au 22 mars.
En bref, ce roman a été une magnifique lecture, de celles qui font réfléchir, qui apportent un nouveau regard sur le monde qui nous entoure et qui nous changent un peu. Mené tambours battants, ce livre m'a emporté dans son histoire tragique, m'a émue par de nombreux aspects et m'a finalement fait pleurer. Certaines scènes m'ont rendue heureuse, m'ont touchée, m'ont donné le sourire, d'autres m'ont fait trembler, m'ont éc½urée et m'ont beaucoup émue. Je ne m'attendais pas à un livre d'une telle force, d'une telle authenticité et j'ai été donc très positivement surprise ! Je l'avais à peine commencé qu'il était déjà terminé et c'est en larmes que je l'ai refermé, souhaitant à la fois m'arrêter là et lire le second tome. Finalement, je pense lire la suite même si la fin me fait penser qu'elle sera très différente...
x-la-patineuse-x, Posté le dimanche 05 juin 2016 16:43
Mon avis rejoint le tiens, ce livre est d'un beauté et d'une force ! L'idée de l'auteure d'inverser les rôles, noirs/blancs est si bien pensé. Je suis encore bouleversée de cette lecture !